30 Oct Portrait d’impact – Vega BioImagerie s’affaire à trouver le bon traitement contre le cancer
Par Pierre Théroux
Il existe aujourd’hui une multitude de traitements pour lutter contre les différents types de cancer. Or, malgré ce nombre croissant de thérapies, les techniques utilisées pour choisir les meilleurs traitements possibles ont quant à elles très peu évolué au cours des 40 dernières années.
« En oncologie, on doit encore malheureusement fonctionner par essais et erreurs pour en arriver à déterminer l’efficacité d’un traitement pour les personnes atteintes d’un cancer. Et on se dit même satisfait quand le taux de succès atteint à peine 30 % », constate Arnaud Latreille, chef des opérations et cofondateur de Vega BioImagerie, une jeune pousse montréalaise qui a justement voulu s’attaquer à ce problème.
Pour y parvenir, l’entreprise mise sur l’adoption de nouvelles technologies dans le domaine de l’imagerie et de la détection biomédicales, dont le développement a pris naissance il y plus de 10 ans dans les laboratoires de Polytechnique Montréal.
Et ce, sous l’impulsion de l’équipe de chercheurs de Michel Meunier, professeur en génie physique et en génie biomédical reconnu pour ses recherches dans le domaine des nanotechnologies, qui est aussi cofondateur de l’entreprise, et Cécile Darviot, alors son étudiante au doctorat, qui est PDG de l’entreprise
Arnaud Latreille et Cécile Darviot, deux des cofondateurs de Vega BioImagerie
Son étroite collaboration avec Dre Dominique Trudel, pathologiste et chercheuse au Centre de Recherche du Centre hospitalier de l’Université de Montréal (CRCHUM), a permis à Vega BioImagerie de prouver au fil des ans les principes scientifiques de base de cette nouvelle technologie qui fait notamment appel à des nanobilles colorées, un logiciel d’analyse d’images et des algorithmes d’intelligence artificielle développés par l’entreprise afin de réduire les erreurs de diagnostic.
Sauver du temps, de l’argent…et des vies!
« Nous avons réussi à créer des tests diagnostiques beaucoup plus rapides et précis, alors que les résultats d’analyses de biopsies peuvent prendre actuellement jusqu’à trois mois. Notre technologie aidera non seulement à réduire ces temps d’attente, mais aussi les pathologistes à améliorer la prédiction d’efficacité des traitements ciblés en oncologie », affirme Arnaud Latreille, lui-même encore étudiant en médecine, qui s’est joint à la jeune entreprise montréalaise il y a à peine deux ans.
La technologie de Vega BioImagerie, qui s’inscrit dans son désir de rapprocher l’oncologie de la médecine de précision et personnalisée, fait présentement l’objet d’une validation clinique au CRCHUM.
Image de protéines spécifiques dans leurs tumeurs obtenue avec la technologie Vega BioImagerie
Ces essais, qui portent plus particulièrement sur le diagnostic et le traitement du cancer du sein, visent à améliorer la classification des patientes en analysant l’expression de protéines spécifiques dans leurs tumeurs.
L’objectif? Prédire plus précisément leur réponse aux différents traitements. Cette approche permettra d’offrir une approche de traitement plus précise et efficace selon les caractéristiques uniques de chacune de ces patientes.
Pour mener à bien ces essais cliniques, l’entreprise a profité d’un financement et d’une entente de recherche collaborative public-privé avec le géant pharmaceutique Pfizer et le CQDM, un consortium de recherche biopharmaceutique dont la mission est de soutenir et de faciliter la R-D collaborative multipartite.
« Il y a beaucoup d’intérêt envers notre technologie de la part d’autres grandes entreprises pharmaceutiques et des sociétés de biotechnologies avec lesquelles nous souhaitons établir d’autres projets de recherche collaborative. Nous développons une technologie plateforme qui sera bénéfique à l’ensemble de l’industrie », indique Arnaud Latreille.
Vega BioImagerie, qui vise ainsi se positionner comme une entreprise émergente à fort potentiel dans le domaine des tests diagnostiques, espère que cette nouvelle approche soit éventuellement intégrée dans les laboratoires d’analyse à travers le Québec et permette du même coup de réduire les coûts, tant pour les entreprises pharmaceutiques que pour le système de santé.
L’aide d’Esplanade Québec
Vega BioImagerie a été accompagnée dans sa démarche de développement par Esplanade Québec, dans le cadre du programme Collision qui permet aux dirigeants d’entreprises de profiter des conseils d’un coach pour mener à bien leur projet entrepreneurial.
« On avait entendu parler d’Esplanade Québec et de son excellent réseau d’experts et d’entrepreneurs qui viennent en aide aux nouvelles entreprises. Et on n’a pas été déçus », se réjouit Arnaud Latreille.
La jeune pousse a ainsi pu compter sur l’expertise de Paul L’Archevêque, qui cumule plus de 20 ans d’expérience dans l’industrie pharmaceutique et près de 10 ans d’expérience dans le financement de l’innovation dans le secteur des sciences de la vie.
« Il nous a grandement aidés dans une étape importante de notre développement, celle de cogner aux portes des compagnies du secteur pharmaceutique et des biotechnologies pour leur soumettre des propositions de partenariat. Il nous a permis de le faire de façon professionnelle, sans risquer de manquer ses opportunités qui étaient essentielles pour nous », précise Arnaud Latreille.