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Cogni : améliorer l’accès aux soins en santé mentale - Esplanade Québec
santé mentale, réalité virtuelle
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Portrait d’impact : Cogni, améliorer l’accès aux soins en santé mentale

Par Marie Pâris

Alliant son expérience en intervention auprès des jeunes en difficulté à sa formation en technologie éducative, Emmanuella Michel a lancé le hub en santé mentale Cogni ® Sa plateforme Web qui utilise l’intelligence artificielle vise notamment à traiter plus de personnes sans délai et de façon efficace.

Diplômée d’un baccalauréat en intervention et d’une maîtrise en administration, Emmanuella Michel a géré pendant quinze ans des programmes en santé et services sociaux pour aider les jeunes en difficulté dans l’ouest de Montréal. Durant cette expérience, elle repère plusieurs obstacles, à commencer par la lenteur du système et le manque de temps des intervenants. « Il était difficile de mettre en place des programmes de prévention parce qu’on était trop occupés à éteindre des feux, raconte-t-elle. C’est donc devenu important pour moi de pouvoir aider plus de personnes, plus rapidement. »

Cogni au Salon de la femme Noire

Emmanuella décide alors de digitaliser les programmes qu’elle utilise sur le terrain pour les jeunes avec des troubles sévères et persistants de santé mentale ou des déficiences intellectuelles légères, et s’inscrit au doctorat en technologie éducative à l’Université Laval, à Québec. En 2019, elle est sélectionnée dans le programme de réalité virtuelle de Facebook Oculus Launch Pad. « C’est là que j’ai développé la plateforme Cogni ® comme moyen d’accélérer les services en santé mentale à davantage de personnes », explique-t-elle. 

La doctorante travaille notamment sur le design de scénarios immersifs et de programme de bien-être dédiés à l’auto-soin (outils d’auto-apaisement), à la thérapie par exposition assistée et à la thérapie de groupe, qui permettent d’aider davantage de personnes simultanément en contrant l’anxiété et le stress grâce à la réalité virtuelle. Le patient se trouve ainsi plongé dans un environnement relaxant et personnalisable, par exemple sur une plage entourée de palmiers, avec un choix de musique (chant des oiseaux, bruit des vagues…). Au début de l’expérience, une analyse de ses émotions en temps réel est effectuée de manière interactive grâce à quelques questions (Comment te sens-tu aujourd’hui? etc.) Ces environnements 3D sont compatibles à plusieurs plateformes et également accessibles via ordinateur, tablette, téléphone intelligent et casque de réalité virtuelle.

En collaboration avec la Fédération des cégeps du Québec et Collecto, un organisme communautaire qui soutient la transformation numérique dans les milieux scolaires, l’association des femmes ingénieures de l’Université Concordia, le réseau d’entreprises afro-caribéennes ACBN à Toronto et Never was average, Cogni développe plusieurs laboratoires expérientiels pour faire tester sa plateforme. « C’était la première étape de validation, et j’ai eu des retours très positifs, se souvient l’entrepreneure. Oui la plateforme permettait de traiter plus rapidement les patients, mais ce n’est pas tout le monde qui adopte la réalité virtuelle ; certains peuvent avoir le vertige à cause de l’effet d’immersion… »

De la réalité virtuelle à l’intelligence artificielle

Pour diminuer ces barrières, Emmanuella se dirige alors vers l’intelligence artificielle, pour accélérer le processus d’accessibilité aux soins avant même d’arriver à la personnalisation de soins grâce au volet immersif de sa plateforme. « Les programmes en santé mentale ont une difficulté : ils ont peu de personnel. Ils reçoivent beaucoup de demandes d’aide à travers des questionnaires, qu’ils prennent du temps à traiter, note-t-elle. J’ai donc développé un algorithme qui permet de faire le triage des demandes et d’évaluer en moins d’une minute le portrait du patient et ses besoins. »

Cette évaluation d’admission propose notamment plusieurs  niveaux de sévérité ; par exemple, si le patient prend des médicaments, le niveau monte d’un cran. Le professionnel de santé reçoit toutes ces données réunies en une page et personnalise alors le plan de traitement. Il peut ensuite rediriger le patient vers des outils d’auto-apaisement guidé ou encore lui envoyer des exercices via la plateforme.

Cogni propose aussi une visioconférence avec le patient afin d’aller chercher encore plus de données. « Beaucoup de gens qui ont besoin de soutien thérapeutique abandonnent après la deuxième rencontre parce qu’ils ne sentent pas de lien avec le professionnel, explique l’entrepreneure. Avec ce volet visio, on peut revoir ce qui a été présenté dans le portrait tout en ayant accès à des données sur l’émotion du patient en temps réel. On analyse le facial, le verbal, etc. Ça permet de concevoir un plan d’intervention plus éclairé et encore plus personnalisé. »

Répondre à un besoin

En 2019, Emmanuella entend parler d’Esplanade Québec et candidate au programme Accélération consacré à la santé afin de propulser Cogni. Suite à l’envoi de sa demande, elle reçoit une première réponse positive, puis est invitée à faire une présentation devant l’équipe et des partenaires du secteur de la santé. « J’ai trouvé le processus d’admission très rigoureux! », se souvient-elle.

L’expérience de la cohorte l’a vraiment aidée : « Oui j’avais une idée de ce qu’était Cogni, mais avoir le point de vue et les suggestions d’ajustements au niveau de l’adéquation marché de parties prenantes était très intéressant. On pouvait aussi aller regarder le travail des autres pour donner nos retours, et vice-versa. » Elle s’est aussi sentie bien encadrée pour réussir à définir qui elle était en tant qu’entrepreneure, quel était son produit, à quel besoin il répondait, et s’il y répondait vraiment. « Notre mentor avait beaucoup d’expérience en marketing : verbaliser nos messages a été très facile et on a eu beaucoup de support. »

Cette année est consacrée à travailler sur l’adéquation marché, des lettres d’intention pour les universités et des tests cliniques avec un CIUSSS – les deux types de clients visés par la plateforme. Cogni cherche également des clients pour une campagne afin d’analyser l’indice de santé mentale dans les organisations qui ont un programme d’aide aux employés. Si Emmanuella travaille avec des stagiaires et des employés temporaires, elle lève actuellement une première ronde de financement à l’issue de laquelle elle compte offrir des contrats à temps plein.