01 Fév Portrait d’impact: BocoBoco, le zéro déchet sans contrainte
Le temps et le transport des bocaux sont les freins principaux identifiés face au mouvement zéro déchet. Face à ce constat, l’entrepreneure Lauren Rochat a lancé BocoBoco, un projet d’entreprise inédit et innovant, qui vise à révolutionner le mouvement zéro déchet au Québec.
Alors qu’elle travaille comme conseillère en développement durable, Lauren Rochat commence en 2016 à réduire ses déchets. « Ça me prenait tous mes samedis après-midis », se souvient la jeune femme. Le temps et le transport des bocaux sont les freins principaux identifiés face au mouvement zéro déchet : « Ce n’est pas toujours possible quand on a une vie sociale, familiale et professionnelle occupée… On n’a pas forcément le temps d’aller à l’épicerie zéro déchet, parfois d’en faire plusieurs pour trouver les produits voulus, de transporter tous ses bocaux, etc. »
C’est en voyant son tas de bières consignées à rapporter à l’épicerie que Lauren se fait la réflexion suivante : si tout était consigné, il n’y aurait pas de déchets… Au départ, elle n’a pas l’intention d’être entrepreneure, et va plutôt voir différentes épiceries pour leur proposer son projet de livraison d’aliments zéro déchet dans des contenants consignés. Mais comme personne n’embarque, convaincue de son projet, elle décide finalement de se lancer elle-même dans l’aventure.
De 2018 à 2019, la jeune femme fait plus d’une cinquantaine d’entrevues avec des commerçants, des livreurs et des spécialistes en agroalimentaires afin de mettre au point le modèle d’affaires de BocoBoco. Le concept : un « one-stop-shop » en ligne, qui débute avec seulement 40 produits pour commencer. Les commandes se font sur la plateforme et sont livrées à domicile dans des bocaux consignés, que le client remet lors de la prochaine livraison en échange de « bocodollars », une monnaie parallèle avec laquelle il pourra payer ses prochaines commandes. Le nom de BocoBoco fait référence à ce retour : des bocaux pleins contre des bocaux vides.
BocoBoco est prêt à se lancer officiellement en avril 2019, après avoir été lauréate de la Fondation Montréal-inc et lauréate local du Défi entreprendre, réussi un sociofinancement sur Ulule et remporté le premier prix du concours zéro déchet de la ville de Montréal. « On est le premier e-commerce basé sur l’économie circulaire, affirme fièrement Lauren. En plus d’être zéro déchet, BocoBoco est une épicerie zéro perte. Basée sur un système de pré-commande, les produits périssables (pains, pâtisseries, prêt-à-manger, fruits et légumes) sont achetés sur le fonctionnement juste-à-temps, selon les quantités souhaitées par les clients. Ce système offre une meilleure rentabilité : n’ayant pas de pertes, les prix sur BocoBoco sont ainsi accessibles.
Aperçu des produits BocoBoco
La gourmandise au coeur du projet
En 2020, BocoBoco connaît une forte croissance du fait de la pandémie. Le conjoint de Lauren, qui travaille dans le milieu alimentaire, intègre l’entreprise à temps plein. BocoBoco commence alors à collaborer avec le restaurant montréalais Trip de Bouffe, dont elle propose les plats en bocaux sur sa plateforme. Depuis, plusieurs autres restaurants se sont ajoutés à la liste. Pour les restaurants locaux, ce système offre comme avantage d’avoir accès à une plateforme web et de rejoindre le mouvement zéro déchet : il n’y a pas d’emballage à prévoir, ce sont les bocaux BocoBoco.
Outre les restaurants, des pâtisseries et boulangeries sont également disponibles sur leur site web. BocoBoco travaille avec les meilleures pâtisseries et boulangeries de l’île de Montréal afin que le zéro déchet soit aussi une affaire de gourmandise. « Le zéro déchet, ce n’est pas seulement des produits secs en bocaux : ça marche aussi pour les produits gourmands, assure l’entrepreneure. Plusieurs de nos clients commandent avant tout parce que ce sont des aliments qu’ils aiment ou qu’ils souhaitent découvrir ; le zéro déchet vient en plus. »
Le vélo-cargo de BocoBoco pour effectuer les livraisons
BocoBoco propose à ce jour sur sa plateforme 750 produits, en collaborant avec plus de 85 fournisseurs. Pour choisir ces derniers, l’entrepreneure a plusieurs critères : il faut qu’ils soient locaux, qu’ils livrent en format zéro déchet, qu’ils aient des engagements écologiques (être certifié bio ou travailler avec des ingrédients bio) et qu’ils proposent des produits gourmands. Lauren favorise en outre les produits faits par des femmes ou des coopératives. L’objectif : collaborer avec 120 fournisseurs d’ici la fin de l’année.
Un projet d’impact
Suite à un concours, BocoBoco a déjà bénéficié de plusieurs heures de coaching dans l’un des programmes d’accompagnement de l’accélérateur Esplanade Québec. «Ça fait longtemps que je souhaite collaborer avec L’Esplanade! raconte Lauren. On a été très bien accompagnés, et cela nous a permis d’acheter notre premier vélo-cargo remorque pour la livraison. On a ensuite postulé pour la super cohorte en action climatique ; on est en pleine croissance et on souhaitait être accompagnés par des coachs qui comprennent nos valeurs. »
Pour 2022, l’entrepreneure cherche notamment à aller de l’avant avec trois grands projets : déménager dans un plus grand espace, mettre en place un nouveau site web pour améliorer l’expérience client, et optimiser les opérations via un progiciel intégré, qui permettrait de mieux gérer les nombreuses étapes nécessaires au système de bocotage et de consigne. C’est aussi pour mieux chiffrer son impact que la jeune compagnie s’est rapprochée de L’Esplanade. Depuis sa création, environ 60 000 contenants consignés ont circulé par la plateforme. Comme un contenant équivaut à un déchet évité, BocoBoco a ainsi permis d’éviter plus de 2,2 tonnes de déchets. Un premier calcul conservateur, mais qui permet déjà d’imaginer l’ampleur de l’impact positif qu’aura BocoBoco dans le futur.