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AquaVerti déploie l'agriculture à la verticale - Esplanade Québec
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Portrait d’impact: AquaVerti, l’agriculture à la verticale

La famille de Georges Aczam travaille dans l’agriculture au Moyen-Orient depuis plus d’un siècle. Si le jeune homme, qui baigne dans le milieu depuis tout petit, a donc toujours été intéressé par la production alimentaire, c’est pourtant vers la finance qu’il s’est d’abord orienté. Mais l’épanouissement n’est pas au rendez-vous : « Je n’y prenais pas vraiment de plaisir, on travaillait pour l’argent et ce n’était pas suffisant pour moi, raconte Georges. Je voulais avoir plus d’impact sur la communauté et travailler pour laisser un meilleur monde aux prochaines générations. »

C’est donc tout naturellement qu’il revient à ses premières amours, et le diplômé de Concordia lance sa propre entreprise de production alimentaire, Aquaverti. Il fait appel à Steven Moss, un ancien collègue, pour l’accompagner. « On l’appelait “The Plant Whisperer”, parce quand on avait une plante en train de mourir on lui donnait et il la rendait en pleine santé, raconte l’entrepreneur en riant. Donc quand j’ai eu l’idée de lancer mon projet expérimental de ferme verticale, c’est la première personne à laquelle j’ai pensé. »

Steven travaillait dans une pépinière et avait donc l’expérience du végétal, tandis que Georges avait aidé beaucoup d’entrepreneurs à gérer leurs biens lors de sa précédente carrière en planification financière et successorale, et connaissait bien les besoins des entrepreneurs : un parfait duo pour se lancer en affaires. Le reste des connaissances, ils sont allés le chercher dans des formations en ligne.

Une production locale à l’année

Aquaverti s’installe au rez-de-chaussée d’un triplex de Ville-Saint-Laurent en 2017. Son projet de ferme verticale, Georges en a eu l’idée en découvrant une compagnie américaine qui pratiquait ce mode d’agriculture. « Le fait de produire des aliments localement dans un désert froid comme le Québec, où rien ne pousse les trois quarts de l’année, me fascinait, surtout quand j’ai su que ça avait un énorme impact environnemental. » Le nom hybride de son entreprise résume bien le concept : Aqua, parce que la production pousse dans l’eau, et Verti, parce qu’elle s’étend à la verticale.

Georges Aczam - fermes AquaVerti

Georges Aczam d’Aquaverti

L’agriculture se fait en entrepôts, dans un environnement isolé du climat extérieur. « On contrôle tout : la lumière, la température, le niveau d’oxygène dans l’air et dans l’eau, la ventilation… Qu’il fasse +40 C ou -40 C dehors, ça ne change rien pour les plantes! » explique l’entrepreneur.

Ce mode d’agriculture a plusieurs avantages, à commencer par le gain d’espace, qui permet de produire à proximité des villes, voire dans les villes. Tout l’espace cubique des entrepôts est utilisé : la production (kale, roquette, laitue romaine et frisée) se fait dans des bassins d’eau superposés. En maximisant ainsi l’espace, Aquaverti est 18 fois plus productive au mètre carré qu’une serre traditionnelle.

La productivité est aussi accélérée par le contrôle de l’environnement, qui permet de réduire le cycle du légume : une laitue pousse ainsi en 18 jours, contre 35 à 40 habituellement. « On est aussi capables de comprendre comment stimuler les macro et micronutriments de la plante via le spectre de lumière à laquelle on l’expose : on a donc des plantes plus riches en vitamines K, en magnésium et en calcium », ajoute Georges. La valeur nutritionnelle des produits Aquaverti est renforcée par leur fraîcheur : grâce à la proximité du lieu de production, les légumes sont livrés le lendemain de la récolte et passent moins de 15 heures au frigo. De par l’environnement contrôlé dans lequel poussent les légumes, ils n’ont besoin d’aucun pesticide. Bref, une production à l’année et locale, à quelques kilomètres des consommateurs.

Avoir un impact socio-économique

Pour accompagner la croissance d’Aquaverti, première ferme hydroponique commerciale au Québec, Georges a participé cette année au programme Accélération de l’Esplanade. « On ne veut pas se positionner comme une ferme comme les autres. Au-delà de l’impact environnemental, on veut avoir un impact socio-économique et redonner à la communauté, insiste l’entrepreneur. L’Esplanade m’a ouvert les yeux sur différentes stratégies pour être une compagnie socio-responsable. La durabilité commence à l’interne, avec notre équipe. Résultat : les employés sont très motivés, pas juste pour produire les meilleures laitues du Québec, mais aussi pour devenir la ferme du Québec. »

Georges Aczam dans l’usine d’Aquaverti

L’Esplanade a aidé la jeune compagnie à structurer sa stratégie, sa vision et son positionnement, tout en gardant son objectif en vue : faire de la production agricole durable. « Pour bâtir une compagnie, il faut être bien entouré. Et L’Esplanade a de très bons coachs avec de l’expérience et un bon réseau. » Si Aquaverti avait à ses débuts pour objectif de produire 20 laitues par semaine dans un espace de 100 pieds carrés, elle en produit aujourd’hui environ 6 500 dans un nouvel entrepôt de 8 200 pieds carrés, où travaillent dix employés. Les clients sont principalement des épiceries, dont les Métro de la province et les IGA du Grand Montréal.

Pour répondre à la demande croissante, l’entrepreneur réfléchit à un projet de mégaferme, tandis que le département de recherche et développement expérimente de nouveaux types de semences de fruits et légumes. Un succès qui attire : Aquaverti a été contactée par des investisseurs du Qatar et d’Arabie saoudite. Mais l’entreprise est attachée à la province : « On croit beaucoup à l’achat local, conclut Georges. Nos opérations sont au Québec et on veut servir la communauté québécoise avant tout et établir une forte fondation au Québec avant de penser à l’international. » Devenir la ferme du Québec, un projet ambitieux? Peut-être, mais qui ne fait pas peur à l’entrepreneur : « Si je n’avais pas un aussi beau projet, je serais resté en finances… »