26 Mai Portrait d’impact: Bosk, l’alternative naturelle au plastique
Grâce à un processus de fermentation à partir de sous-produits de l’industrie des pâtes et papiers, Bosk produit un polymère naturel qui permet de remplacer le plastique traditionnel dans nos objets du quotidien.
Maxime Beauchesne et Laurence Boudreault ont toujours été touchés par les enjeux d’accumulation de plastique. C’est cette sensibilité qui a poussé le couple à rejoindre Bosk Bioproduits, l’entreprise lancée en 2016 par Paul, le père de Laurence. « On voulait amener une solution pour contribuer à résoudre ce problème, une alternative au plastique traditionnel, raconte Maxime. Le recyclage a malheureusement ses limites, donc on voulait trouver une matière compostable pour remplacer le plastique. »
Laurence Boudreault
Maxime Beauchesne
Épaulés par Paul, qui a un bagage plus environnemental et scientifique, les deux diplômés en administration des affaires travaillent en partenariat avec l’INRS et le Conseil national de recherche du Canada pour développer une technologie de production de PHA (polyhydroxyalcanoates), un biopolymère. Bosk utilise comme matière première des sous-produits issus de l’industrie des pâtes et papiers, sortes de boues contenant des résidus de bois, qui génèrent un polymère naturel suite à un processus de fermentation bactérienne.
Les granules de bioplastique ainsi créées sont ensuite vendues à des manufacturiers afin de produire des bouteilles, bouchons, etc., via du moulage par injection. « On vise avec nos produits à remplacer tous les objets fabriqués en plastique traditionnel, et donc en résine issue des combustibles fossiles », explique Maxime. Ce biopolymère est pour le moment plus dispendieux que du plastique traditionnel ; c’est la raison pour laquelle Bosk vise notamment comme marché cible l’industrie de la cosmétique, où les marges sont importantes. « Il y a plus de place pour absorber une hausse du coût de l’emballage sur un pot de crème à 60$ que sur des produits alimentaires à quelques dollars », illustre l’entrepreneur.
Famille de produits vendus par Bosk
Impact8, un « pas de recul » bienvenu
La jeune entreprise a notamment profité du programme Accélération de L’Esplanade pour consolider sa vision. « Quand on est en démarrage d’entreprise, tout va très vite et on ne prend pas nécessairement le temps de faire un pas de recul pour réfléchir à notre stratégie et notre impact, note Maxime. Ce programme nous a permis de prendre des moments au long du parcours pour travailler sur nos objectifs et de faire l’introspection à tête reposée. »
Le couple a été accompagné par deux mentors mis à disposition par l’Esplanade, Jean-Francois Grou et Philippe Marty – dont l’un suit encore l’entreprise aujourd’hui à titre de consultant. Deux coachs aux profils différents mais complémentaires, chacun avec ses forces ; de quoi amener « une belle dynamique et un bon brassage d’idées » aux entrepreneurs. « Cet accompagnement de gens d’expérience passés par là avant nous a été très enrichissant », ajoute Maxime. Tout au long du programme, lui et sa conjointe profitent également de suivis sur leurs objectifs et d’évaluations via des ateliers et activités.
Des objets en cours de fabrication grâce à la technologie de Bosk
Un pas de recul intéressant pour le couple, qui doit aussi gérer la séparation entre vie privée et vie professionnelle. Le plus grand défi pour des entrepreneurs conjoints et parents : savoir s’arrêter. « C’est pas évident au quotidien, confie Maxime. On passe la journée ensemble, et c’est facile de toujours être dans le travail. Il faut donc trouver l’équilibre avec la famille. D’un autre côté, être entrepreneurs nous amène aussi beaucoup de flexibilité : on contrôle mieux nos journées que si on était des employés… »
Vaisselle et impression 3D
Depuis, l’entreprise continue d’avancer. Une usine de production a en effet été ouverte à Québec et les premières ventes ont eu lieu ce printemps après la mise en marché d’une gamme de vaisselle pour enfants en bioplastique. « Notre objectif principal est de bâtir une usine à grande échelle en partenariat avec un joueur de l’industrie des pâtes et papiers : on construirait à même leur site ou tout près pour assurer un approvisionnement continu, confie Maxime. On est en discussion avancée avec une entreprise papetière d’envergure au Québec, et on espère annoncer prochainement un partenariat ainsi que la construction d’une nouvelle usine… »
Un laboratoire de l’INRS
Si le père de Laurence assure la présidence et supervise l’aspect scientifique de l’entreprise, les conjoints gèrent le côté commercial grâce à leur bagage en marketing et développement d’affaires. L’entreprise familiale a grossi depuis ses débuts : une directrice des opérations s’est ajoutée dans les rangs, ainsi qu’une ressource en comptabilité et finances et un directeur de l’ingénierie. Le couple va également recruter un ou deux employés au niveau technique pour opérer la ligne de production.
Bosk est maintenant en train d’explorer le marché de l’impression 3D pour développer sa production. « On sent un intérêt vraiment marqué et beaucoup de traction depuis environ deux ans. Le problème des plastiques est d’actualité, et les gouvernements comme les entreprises et les consommateurs cherchent des alternatives, conclut Maxime. Ça bouge beaucoup! »