02 Avr Portrait d’impact – Unel, transformer les rebuts textiles en objets durables
Chaque année, au Québec, près de 156 000 tonnes sont éliminées ou dispersées dans l’environnement. Pourtant, 95% de ces matières pourraient être réutilisées ou recyclées.
Face à ce constat alarmant, reflet de l’industrie du textile au niveau mondial, de nouveaux modèles émergent pour proposer des solutions concrètes et durables.
C’est dans cette dynamique qu’Anaëlle Nédélec fonde Unel, une entreprise d’économie sociale qui repense notre manière de consommer le textile.
De l’ingénierie biomédicale à l’entrepreneuriat sociale
Après un parcours en génie biomédical et plusieurs années à travailler dans le domaine, Anaëlle Nédélec a vécu une véritable prise de conscience.
« Je me suis dit “C’est super de sauver la santé des individus”, et c’est pour ça que je me suis tournée vers le biomédical, mais, si nous sommes tous en bonne santé sur une planète malade, cela ne marchera pas. »
Anaëlle Nédélec, cofondatrice d’Unel
Suite à cette réflexion, et combinant sa passion pour la couture avec son envie de poser des actions écoresponsables concrètes, elle commence à repriser ses vêtements et à créer des chapeaux et des petites bouillottes sèches avec le tissu qu’elle n’utilise plus.
Peu à peu, son projet, Unel, prend de l’ampleur. Avec l’arrivée de Thomas Dutrey-Grebert et Valérie Tondreau, l’idée d’une entreprise devient concrète: Unel devient une OBNL.
“Notre mission chez Unel, c’est de réduire la pollution textile en sensibilisant et en redonnant le pouvoir aux citoyens. On peut faire énormément de belles choses à partir de tissus déjà existants, ceux que nous avons chez nous qui sont devenus trop petits, troués, sans avoir besoin de racheter du neuf.”
Des solutions de revalorisation à tous les niveaux
Unel s’articule autour de trois volets d’action:
La sensibilisation du public à cet enjeu à travers des ateliers de réparation et de surcyclage.
Un atelier offert par Unel aux citoyen.ne.s
Les participants apprennent à prolonger la durée de vie de leurs vêtements ou à leur donner une nouvelle utilité.
L’OBNL propose aussi des ateliers de couture en fournissant des vêtements récupérés de leur côté plutôt que d’utiliser des chutes de tissus ou des fins de rouleaux pour rendre l’apprentissage plus concret.
La transformation et la vente de produits confectionnés à partir de textiles récupérés, vendus ensuite sur les marchés de Noël ou dans des points de ventes.
Souvent donnés par les citoyens eux-mêmes, cette récupération de tissus permet également à l’OBNL de conscientiser les individus sur les produits qu’ils achètent.
« Pour le moment, la quantité de tissus que l’on nous donne est suffisante pour notre capacité mais peut-être qu’un jour, dans notre monde idéal, on sera amené à acheter les invendus des friperies, les vêtements qu’elles sont sûres de ne pas pouvoir revendre mais que nous nous pouvons revaloriser pour qu’ils ne finissent pas à l’enfouissement », nous explique Anaëlle.
Enfin, Unel collabore avec des entreprises afin d’optimiser leur chaîne de production pour limiter leurs déchets textiles ou leur proposer un nouveau produit de vente issus de leurs chutes de tissus.
Cela peut être des entreprises du milieu de la mode ou des entreprises qui utilisent du tissu, par exemple, pour leur communication.
Deux exemples d’objets durables issus de rebuts textiles: un chapeau et une bouillotte sèche
Un exemple concret: Les anciens chandails de rugby du Rugby Club Montréal sont devenus des chapeaux aux couleurs de l’équipe portés par les joueurs et joueuses tout l’été avec fierté.
« Il y a assez de tissu sur cette terre pour habiller les 6 prochaines générations. Notre objectif est d'offrir des solutions durables et économiquement viables pour les produits déjà existants. »
Un impact grandissant qui permet de réduire les déchets textiles
En un an et demi, Unel a réussi à récupérer une tonne de textiles! Une partie de ces tissus lui a permis de créer plus de 1 000 nouveaux produits, dont la moitié a trouvé une nouvelle maison.
L’ONBL se concentre actuellement sur le développement de son réseau de points de vente et sur son offre de services B2B, qui permettent de revaloriser plusieurs kilos de tissus en une seule opération.
« On continue aussi les ateliers parce que c'est la vocation d'Unel, puis c'est pour ça qu'on le fait, car on sait qu'aujourd'hui c’est ce qui aurait le plus d'impact à long terme. Si tout le monde apprend à faire la couture, les individus pourront revaloriser leurs tissus plutôt que d'en racheter. », souligne Anaëlle.
Si les ateliers ont donc un impact à long terme en formant les citoyens à la revalorisation textile, les partenariats avec les entreprises offrent une solution immédiate pour éviter l’enfouissement de matières encore exploitables.
Un accompagnement stratégique avec Esplanade Québec
Unel a rejoint, en 2024, le programme Collision en économie circulaire d’Esplanade Québec, en collaboration avec RECYC-QUÉBEC.
Anaëlle Nédélec, lors du Bootcamp du programme Collision
Les ateliers sur les outils d’impact de l’accélérateur lui ont été très utiles pour structurer sa solution d’impact. En lui permettant de se poser les bonnes questions pour retravailler sa problématique et son écosystème, sa vision s’est affinée et son projet clarifié.
Les heures de coaching lui ont aussi été précieuses pour résoudre certains enjeux stratégiques.
« Le coaching avec Marieke a été décisif pour surmonter les freins et structurer l’offre de services, notamment en adaptant notre discours pour convaincre de nouveaux partenaires et points de vente. »
RECYC-QUÉBEC: un levier pour l’économie circulaire du textile
Un autre soutien de taille a été celui de RECYC-QUÉBEC, qui offre une expertise stratégique en matière d’économie circulaire.
La société d’État est également un acteur majeur dans le partage de ressources clés en lien avec la filière de revalorisation textile au Québec.
« De pouvoir compter sur l’avis d’experts en lien avec notre secteur d’activité, cela nous aide grandement à mieux comprendre l'écosystème, à identifier les enjeux liés aux textiles et à entrer en contact avec les bonnes personnes pour faire avancer notre projet, » conclut Anaëlle.