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Irri-Blière, des tubulures d’érablières pour l’irrigation des cultures - Esplanade Québec
irri-blière, innovation, entrepreneur québécois, environnement, changements climatiques, économie circulaire
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Portrait d’impact: Irri-Blière, réutiliser les vieilles tubulures d’érablières pour l’irrigation des cultures

Chaque année au Québec, quelque 3000 tonnes de tubulures de collecte d’eau d’érable doivent être remplacées, ce qui représente l’équivalent du volume de neuf piscines olympiques. Irri-Blière veut détourner cette matière des sites d’enfouissement pour lui procurer une deuxième vie.

Pour l’ingénieure Chantal Bernatchez, les Africains sont une grande source d’inspiration. « Ils fabriquent des sandales avec de vieux pneus et des meubles avec des barils d’huile, s’émerveille-t-elle. Pourquoi ne pas valoriser davantage nos déchets, nous aussi? » C’est ce qu’elle entend faire avec son projet d’économie circulaire Irri-Blière. 

L’idée de Chantal Bernatchez consiste à transformer les tubulures d’érablières hors d’usage en kits d’irrigation goutte à goutte pour les cultures maraîchères.

« Quand les tubulures sont percées, elles sont inutilisables pour la collecte de l’eau d’érable. Mais pour irriguer, il faut percer des tuyaux. Le problème de l’un devient la solution de l’autre », dit celle qui est cofondatrice de Vergers d’Afrique, un organisme voué au développement durable au Burkina Faso. 

Usine d’Environek en Beauce

Une simple recherche sur le web a permis à Chantal Bernatchez de découvrir qu’une entreprise, Environek, récupère déjà près de 500 tonnes par année de tubulures d’eau d’érable pour les réduire en granules. Ces granules entrent ensuite dans la fabrication de différents objets, comme des drains agricoles ou des contenants en plastique.

L’instigatrice d’Irri-Blière a approché l’entreprise qui a accepté d’embarquer dans l’aventure. Une entente de partenariat a été conclue. 

Dans son usine de Saint-Malachie, Environek continuera à faire de la granulation avec les tubulures trop abîmées, mais les autres seront nettoyées, coupées et percées pour devenir des systèmes d’irrigation. « Nous ferons la préparation et l’assemblage du produit tandis que Vergers d’Afrique va s’occuper de la commercialisation », indique Mathieu Caron, responsable de l’environnement chez Groupe Aptas, dont Environek est une division.   

Un plus pour l’environnement et pour les gens

En donnant une nouvelle vocation aux tubulures usagées, les deux partenaires vont procurer aux producteurs maraîchers du Québec de l’irrigation à faible indice de carbone et peu gourmande en eau. L’irrigation goutte à goutte permet en effet d’économiser 60 % d’eau, un atout dans un contexte où il y aura de plus en plus de périodes de sécheresse à cause des changements climatiques.

Une économie d’eau qui pourrait aussi faire le bonheur des Africains. « J’aimerais que nos trousses d’irrigation soient aussi achetées par des organismes de coopération internationale qui voudraient aider des pays en voie de développement à avoir accès à de l’irrigation à moindre coût », dit Chantal Bernatchez en mentionnant que les éventuels profits seront investis dans des projets de développement durable en Afrique.

Le système d’Irri-Blière est d’ailleurs en test dans un village du Burkina Faso où Vergers d’Afrique a donné à la communauté un jardin potager et un verger de mangues et de goyaves totalisant dix hectares.  

« Avec notre système, l’irrigation va coûter 2000 $ au lieu de 20 000 $ », indique Chantal Bernatchez.  

Par ailleurs, ce projet de réemploi de vieilles tubulures aura aussi un impact social puisque le Groupe Aptas est une entreprise qui emploie des personnes ayant des limitations fonctionnelles.

Le problème avant la solution

Participer au programme Collision pour les projets en démarrage d’Esplanade Québec a permis à Vergers d’Afrique et Environek de mieux structurer leur démarche entrepreneuriale. 

L’outil Impact Gaps Canvas a été particulièrement utile. Une erreur fréquente lorsqu’on a un projet entrepreneurial, c’est de mettre l’accent sur la solution. L’équipe d’Irri-Blière est tombée dans ce piège au début. « Avant d’intégrer le programme, on se concentrait sur les aspects techniques, comme la production et l’équipement, dit Mathieu Caron. C’est important, oui, mais avec Impact Gaps Canvas, on a compris qu’il faut d’abord se pencher sur les besoins des clients potentiels. » 

Cet outil aide en effet à approfondir un problème pour identifier les opportunités et ensuite développer une proposition d’affaires. 

Dans le cas d’Irri-Blière, le problème à régler, ce sont les 2900 tonnes de tubulures qui aboutissent chaque année dans des sites d’enfouissement au Québec. Or, les systèmes d’irrigation goutte à goutte actuellement sur le marché sont peu résistants et doivent être remplacés souvent. «Avec notre projet, on va être en mesure d’offrir aux maraîchers un système qui va durer plus longtemps », signale Mathieu Caron.   

Le coaching compris dans le programme d’Esplanade Québec a aussi été fructueux pour l’équipe.  «Cela nous a notamment aidés à créer une synergie entre tous les partenaires institutionnels et techniques du projet », souligne Chantal Bernatchez.

Concurrencer la Chine

Le compte à rebours est commencé pour Irri-Blière. D’ici le printemps 2022, le Centre de transfert technologique en écologie industrielle du Cégep de Sorel-Tracy déterminera les paramètres de qualité à considérer dans le choix des tubulures à réutiliser. De leur côté, des étudiants en génie de l’Université du Québec à Trois-Rivières vont réaliser l’écoconception du système d’irrigation en collaboration avec l’Institut de développement de produits, qui est un partenaire de l’Esplanade.

Ensuite, il faudra mettre au point les procédés de fabrication et d’assemblage du produit et réaménager l’usine d’Environek. Début prévu de la production : été 2022. 

Une fois la production lancée, Irri-Blière se donne deux ans pour atteindre un rythme de croisière de 10 000 kits d’irrigation par année.

« On a les conditions gagnantes pour faire concurrence aux produits faits en Chine, assure Chantal Bernatchez. On a une main-d’œuvre subventionnée, une matière première presque gratuite, pas d’expédition outre-mer à payer et un produit écoresponsable issu de l’économie circulaire. »